Une petite fleur de Galilée... Sainte Myriam BAOUARDY, petite fille de Palestine

Publié le par Patrice Sabater

Une petite fleur de Galilée... Sainte Myriam BAOUARDY, petite fille  de Palestine

« Cette petite fleur de la Terre Sainte parvenue en peu de temps

à l’épanouissement mystique, à la sainteté » Saint Jean Paul II

Le Pape François a canonisé, le 17 mai 2015, une sainte qui est chère à mon cœur : Sainte Mariam Bawardi de Jésus Crucifié: Mariam Baouardy (en arabe: مريم العذراء البواردي) en religion sœur Marie de Jésus Crucifié (en arabe: مريم يسوع المصلوب ) Cette sainte arabe est une galiléenne, comme le Christ. Née de parents syro-libanais, elle vient d’Ibellin, petit village entre Nazareth et le Mont Carmel. Tout, absolument tout, dans sa vie de sainte, est fascinant, captivant, incroyable. Et tellement riche qu’elle parle à beaucoup : Orientaux ou Occidentaux, orphelins et persécutés, voyageurs ou cloitrés, religieux ou laïcs, intellectuels et pragmatiques, contemplatifs et missionnaires…

Une martyre ressuscitée

Avant même sa naissance, Mariam a une histoire particulière. Ses parents ont eu 12 garçons avant elle; mais 12 enfants morts en bas âge. Accablés par l’épreuve, c’est après un pèlerinage à Bethléem pour demander une fille à la Vierge Marie que ses parents ont la grâce de recevoir la petite sainte comme enfant. Mariam est baptisée dans le rite catholique grec-melkite qui est le rite de ses parents.

Orpheline à l’age de 3 ans, la petite Mariam est adoptée par son oncle et séparée de son petit frère Boulos, né un an après elle. Après un certain temps, son oncle part en Egypte à Alexandrie et Mariam quitte donc la Palestine. A l’âge de 12 ans, on veut la marier de force. Or, dans son cœur, Mariam sait déjà qu’elle appartient toute au Christ. Pendant plusieurs mois, son oncle tentera brutalement de la faire plier. Mais sa résolution est ferme. Mariam, cherchant à retrouver son frère, espère trouver de l’aide auprès d’un des serviteurs de son oncle. Cet homme est musulman. Il exhorte Mariam à se convertir. Mais l’enfant refuse. “Je suis fille de l’Eglise catholique ; par la grâce de Dieu, j’espère persévérer jusqu’à la fin dans une religion qui est la vraie”. L’homme, furieux,  lui tranche la gorge puis la jette dans une ruelle.

Mariam meurt ce jour là. Nous sommes le 8 septembre 1958.

Pourtant, l’enfant se réveille. Elle est dans une grotte et une femme habillée comme une religieuse en bleu la soigne. Durant 4 semaines, celle que Mariam identifiera comme la Sainte Vierge prend soin de la petite fille, la soigne et l’instruit, puis la quittera après l’avoir conduite dans une église.

Mariam affirmera qu’elle était réellement morte, qu’elle a vu le ciel et qu’une voix lui a dit que son livre n’était pas achevé. Durant sa vie et le jour de sa mort, les médecins ont pu observer la cicatrice sur son cou et constater qu’elle aurait du succomber à une telle blessure.

Jeune aventurière et humble carmélite

À 13 ans commence alors pour la jeune Mariam une vie d’errance de ville en ville puis de pays en pays. Sans famille ni attache, elle travaille comme domestique, d’abord à Alexandrie, puis Jérusalem et Beyrouth, et va jusqu’à traverser la Méditerranée pour arriver à Marseille. Son périple est parsemée de miracles et bonnes oeuvres. Elle n’est alors qu’une adolescente.
En service à Marseille depuis deux ans, elle a le bonheur d’être admise comme novice en mai 1865 chez les Sœurs de Saint Joseph de l’Apparition. Elle a 19 ans, ne sait ni lire ni écrire, ne parle pas bien le français et sa santé est fragile. Mais cette jeune fille qui a déjà tant voyagé n’est pas appelée à rester là. Deux ans après son arrivée en France, elle quitte Marseille pour devenir carmélite à Pau. Elle insistera pour être soeur converse.  C’est là, au carmel, qu’elle prendra son nom de religion: soeur Marie de Jésus Crucifié; et que ses soeurs la surnomme affectueusement “la petite Arabe”.

Mais seulement 3 ans après son entrée au carmel de Pau, en 1870, Mariam est envoyée en mission pour fonder le premier carmel en Inde, à Mangalore. Là-bas, sa vie de mystique prendra une telle ampleur  que des tensions et incompréhensions se font de plus en plus importantes autour d’elle jusqu’à ce que ses supérieurs décident de la renvoyer à Pau. Elle y retrouve sa vie de soeur converse mais Mariam parle déjà d’un nouveau voyage: partir sur sa terre natale, fonder un carmel à Bethléem.

Le 20 août 1875, elle part donc en Terre Sainte et comme elle seule parle arabe, c’est elle qui est en charge des travaux de construction du monastère de Bethléem. Elle songe également à fonder un carmel à Nazareth; à cette période, Jésus lui révèle où se trouve le site d’Emmaüs et Mariam permet l’acquisition du lieu saint par les carmélites qui le rachetèrent aux musulmans.

S’occupant des travaux du site de Bethléem, la petite Mariam prend soin de ses ouvriers. Un jour de labeur où la chaleur est étouffante, elle leur porte à boire pour les soulager, mais elle chute et se brise un bras. Atteinte de la gangrène, elle meurt quelques jours plus tard, le 26 août 1878.

Voyageuse, missionnaire et religieuse contemplative, elle n’ eu de cesse de se donner entièrement à Dieu et au monde.

Petite religieuse, grande mystique

La vie de Mariam est pleine d’événements surnaturels: extases, lévitations, stigmates de la passion, don de prophétie, don d’ubiquité, transverbération du cœur, apparition et visions de nombreux saints, don de poésie…

Lors de son passage chez les soeurs à Marseille, elle reçoit les stigmates du Christ. A Pau commencent ses visions et extases. Elle était toujours stigmatisée et favorisée de révélations de la Sainte Vierge et de notre Seigneur. Pour elle, le surnaturel était devenu naturel, mais elle restait humble, obéissante, dévouée. Les religieuses du couvent étaient témoins de ses possessions angéliques, de ses extases, lévitations, stigmates, bilocations, apparitions, prophéties.

Mariam fut victime d’une possession diabolique qui dura 40 jours. Elle l’avait annoncé “Jésus va donner à Satan le pouvoir de me tourmenter pendant 40 jours ; je souffrirai beaucoup. Le démon n’aura de puissance que sur mon corps, mon âme sera cachée, Jésus m’a promis de l’enfermer dans une boite, où Satan ne saurait l’atteindre. Le démon me fera commettre beaucoup de fautes extérieures sans que je pèche ; ma volonté n’y sera pour rien.”

Dans une vision la Sainte Vierge dit à Mariam “L’âme ne doit pas dire : ‘’Je voudrais souffrir ; je désirerais telle croix, telle privation, telle humiliation’’, parce que la volonté propre gâte tout. Il vaut mieux avoir moins de privations, moins de souffrances, moins d’humiliations par la volonté de Dieu, qu’un très grand nombre par sa propre volonté. L’essentiel est d’accepter, avec amour et avec une entière conformité à sa volonté, tout ce qu’il plaira au Seigneur de nous envoyer. Il y a, dans l’enfer, des âmes qui demandaient à Dieu des Croix, des humiliations. Dieu les a exaucées, mais elles n’ont pas su profiter de ces grâces : l’orgueil les a perdues.

Le 24 mai 1868, Mariam fut l’objet d’une transverbération du cœur: ce terme désigne le transpercement du cœur par un trait enflammé d’amour. On ne dénombre qu’un petit nombre de ce cas : Padre Pio, Sainte Thérèse d’Avila, Ursula Macaela Morata et enfin Mariam Bawardy. Le saint qui en est victime voit un personnage (soit Jésus Christ, soit l’Esprit Saint, soit un ange) armé d’une lance flamboyante lui percer le flanc, comme le cœur de Jésus fut percé alors qu’Il agonisait sur la croix. Le cœur est touché et saigne de manière ininterrompue, plus particulièrement à certaines dates particulières, telle le vendredi saint. Thérèse d’Avila qui raconte cette scène, parle d’un “dard enflammé” qui la laisse “enflammée de l’amour de Dieu”.

Elle qui était illettrée et parlait mal français fut comblée du don de poésie. Elle laissa ainsi nombre de prières et poèmes chantant la louange de Dieu, dans un phrasé plein de charme et tout oriental.

Pont entre l’Orient et l’Occident

Palestinienne née au pied du Mont Carmel, baptisée en rite oriental mais religieuse de rite latin, appartenant à un ordre qui a su lier l’Orient et l’Occident comme deux poumons d’une Eglise fondée dans le Christ et la dévotion à la Sainte Vierge, Mariam Bawardy montre le visage d’une Eglise une et sainte.

Fille de Galilée d’origine syro-libanaise, son cœur s’ouvre au monde du Proche-Orient. Elle est un symbole de la chrétienté orientale, et nul doute que les chrétiens de Terre Sainte et de tout l’Orient voit en elle un modèle, une consolation mais surtout une gardienne de la paix si éprouvée en ces lieux. Quelque 2.000 personnes ont fait le voyage à l’occasion de sa canonisation, provenant à la fois des territoires palestiniens, d’Israël et de Jordanie. En ces temps si troublés pour les chrétiens d’Orient persécutés, où le christianisme  s’essouffle en Occident, où une crise des vocations religieuses se fait tant sentir dans la mission apostolique de l’Eglise, Mariam est sans nul doute une sainte dont l’Eglise universelle a grand besoin.

« Esprit-Saint, inspirez-moi ;
Amour de Dieu, consumez-moi ;
Au vrai chemin conduisez-moi ;
Marie, ma Mère, regardez-moi ;
Avec Jésus, bénissez-moi ;
De tout mal, de toute illusion,
De tout danger préservez-moi »

Sainte Mariam de Jésus Crucifié

Source: http://cahierslibres.fr/2015/05/sainte-mariam-bawardi-la-petite-arabe/

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