EUROPE : Le temps des choix…

Publié le par Patrice Sabater

EUROPE : Le temps des choix…
EUROPE : Le temps des choix…
EUROPE : Le temps des choix…
EUROPE : Le temps des choix…
EUROPE : Le temps des choix…

EUROPE : Le temps des choix…

 

Ces derniers jours des unes de journaux ont attiré mon attention. Les titres de ces quotidiens appellent ces quelques lignes de réflexion au sujet des choix que nous sommes amenés à poser dans quelques jours.

 

Le quotidien « L’Humanité » titre : « Quel euro pour quelle Europe ? ». Ailleurs encore il titre au sujet d’un tout autre sujet : « L’Homme acteur et spectateur de son péril ? » Le titre m’intéresse parce qu’il m’oblige à penser en tant qu’acteur, que personne, et potentiellement destructeur du Bien remis jamais acquis. Il s’agit bien de notre humanité, de notre devenir, et de cette possibilité de ne pas franchir la ligne brune. Serais-je seulement un spectateur désabusé ? Puis-je être acteur de ma propre vie en faisant des choix fondateurs ? Cette élection est cruciale parce qu’elle est à la croisée des chemins, et que les options que nous allons prendre engagera bien plus qu’un simple vote. Que voulons-nous vraiment ? Quelle vision de l’Homme avons-nous ? Quelle construction européenne désirons-nous véritablement ? Le choix est là : l’Homme en devenir ou la spéculation tout azimut dans les mains de financiers et d’apprentis-sorciers. Attention champ miné !!!

 

Réflexion…

Notre choix intervient soixante-deux ans après la signature du Traité de Rome ; et force est de constater le « désamour » vis-à-vis du projet européen. Pourtant dans l’esprit des Pères fondateurs, il s’agissait après la guerre de se prémunir de la guerre, de gérer un espace humain, politique et économique pour le bien des Hommes. L’après-guerre avait besoin de cette fraternité. Dire ce mot aujourd’hui, penser sa concrète réalité peut paraître un peu décoté et justement surréaliste. Ces jours-ci de nombreuses personnes se sont réunies dans les rues de notre pays pour crier leur indignation, pour demander que Vincent Lambert vive. Ils ont sans doute raison, mais nous laissons depuis des mois et des années mourir à nos portes des migrants en Méditerranée ou derrière des fils barbelés de certains pays de la Communauté européenne. Cela n’a pas l’air d’émouvoir autant ! Pourtant, ce sont des Hommes ! Le Droit à la vie et le Droit à l’éducation, le Droit au logement et le Droit à la santé ne sont-ils pas n’ont plus dignes d’intérêt et vecteurs d’indignation. « Indignez-vous ! » nous disait avec grande raison Stéphane Hessel. Qu’en est-il vraiment ? L’Europe aurait-elle perdue son âme ? Aurait-elle perdues ses grands principes fondateurs au profit de l’Argent, de la spéculation, des grands vaisseaux administratifs à faire vivre ? Apparemment, et à moins de se tromper, elle n’a pas choisi l’Homme.

 

Le drapeau étoilé qui représente l’Europe fut une espérance. Il est devenu l’objet de toutes les phobies, de toutes les impasses, et d’une grande désespérance. Partout les mouvements europhobes se font entendre de plus en plus ; et le Brexit britannique n’en est que l’épiphénomène expliquant les limites de cette Europe agrandit qui aujourd’hui est incapable de tenir ses promesses. Les enjeux sont énormes et les lobbys l’ont bien compris. Ils prospèrent tandis que l’Europe sociale et des libertés régressent. La crise identitaire dont on parle tant ces dernières années assombrit ce qui pourrait être, et qui doit être, un destin heureux, juste et fraternel pour l’ensemble du Vieux continent. Certains penseurs, historiens et commentateurs estiment que nous nous trouvons devant les mêmes réalités des Années noires d’entre les deux Guerres mondiales : crise économique et financière, chômage, crises politiques, déstabilisation des marchés financiers, déstructuration géopolitique généralisée, crise identitaire majeure, montée des extrémismes populistes, discriminations, xénophobie, antisémitisme et arabophobie, homophobie, crise spirituelle et culturelle…

 

Oui, la construction européenne marque le pas. La Rédaction du site internet « d’Evangile et liberté » (in. Regards protestants) évoque l’Europe telle que nous l’aurions voulu et qu’elle n’est pas… : « Cette désespérance face à l’Europe, nous sommes nombreux à la ressentir. Nous l’éprouvons face aux lenteurs institutionnelles de cette immensité technocratique qui ne parvient que si rarement à donner au monde une voix forte, digne des valeurs européennes. Ces valeurs – forgées dans les déchirures de notre Histoire et la générosité de nos pensées – sont le premier héritage de tous ces peuples à la fois si différents et si proches se retrouvant si nombreux à habiter ce coin de terre si étroit. Lors de la récente crise migratoire, l’Europe a-t-elle été à la hauteur de la mission que non seulement son passé mais aussi sa richesse lui imposent ? Devant ces vies déjà brisées fuyant la mort, l’Europe a répondu à la détresse des Hommes par la rigueur des barbelés. De toutes les peurs enserrant cette crise, elle n’a voulu comprendre que les siennes et nos portes sont devenues un cimetière. La désespérance vient aussi de la distance de plus en plus dramatique établie entre les peuples d’Europe et ce qu’on appelle communément Bruxelles. Une distance nourrie d’incompréhension qui se traduit autant par une franche indifférence que par une virulente hostilité. Quel plus grand péril pour un peuple que de se sentir dépossédé et abandonné ? Des traités rejetés mais finalement appliqués aux violentes thérapies économiques imposées par la crise, les étapes de ce divorce ont été multiples. L’incapacité de l’Europe à répondre avec conviction à tous les défis auxquels elle est confrontée a mené à l’essor des dérives nationalistes. Partout, les Nations se replient sur elles-mêmes, sur des identités fantasmées et le recours infantile à une autorité verticale qui ne cesse d’écorner les valeurs démocratiques. Face au retour des nationalismes, l’Europe apparaît plus nécessaire que jamais : pour garantir une unité pacifique à ce continent qui ne s’est jamais économisé en conflits meurtriers, l’Europe doit assumer l’unité par la démocratie ».  

 

L’Europe est plurielle de cultures, de langues, d’histoires, de traditions, de savoir-faire, de confessions religieuses. Elle est aussi un pont entre les deux hémisphères et entre l’Est et l’Ouest. Elle ne serait être une menace ! Se sentir européen c’est se sentir toujours membre d’une Nation et d’une histoire, mais aussi membre d’un plus grand tout comme l’un des instruments faisant partie d’un orchestre symphonique. L’Europe si elle est fidèle à son destin peut-être un grand rêve de paix, de justice, d’égalité, des droits humains fondamentaux, de libre circulation… Ce peut être un rêve réalisable loin des peurs, des replis sur soi, des atteintes aux libertés ; et si elle devenait ENFIN « l’Europe de la Fraternité » !?!  C’est pour la liberté et la fraternité que des jeunes, des Résistants, des soldats sont morts durant la Seconde Guerre mondiale ; dans quelques jours nous fêterons en grande pompe le « Monde libre », vainqueur de la barbarie nationale-socialiste. Dans quelle Europe demain sera célébré cet anniversaire ? Pour quelle Europe seront-ils morts ces preux et généreux résistants au nazisme ?

 

Jean-Paul WILLAIME, dans Réforme du 8 avril 2019 évoque l’Europe des identités et des choix civilisationnels : « Le philosophe Claude Obadia a raison de dire qu’il faut cesser d’affirmer que « le propre de l’Europe est de ne pas avoir de propre », que l’identité de l’Europe se réduirait à s’ouvrir à d’autres identités. L’identité de l’Europe n’est pas celle d’un vide. Cette ouverture, ô combien précieuse, à d’autres identités ne peut se faire que si l’on ose revendiquer clairement et explicitement les sources qui ont contribué à nous faire ce que nous sommes, à savoir des démocrates et des laïques ardents défenseurs du respect inconditionné de la personne humaine. À côté de philosophies séculières et de l’apport du judaïsme, le christianisme est l’une de ces sources. À l’opposé du christianisme identitaire des nationalistes, reconnaître le christianisme comme l’une des sources de l’universel européen, c’est donner du sens à un espace civilisationnel transnational qui constitue une façon d’habiter le monde, un art de vivre qui se soucie des autres. S’il est difficile d’aimer le vide, il est urgent, pour redonner du souffle à l’Europe et la faire aimer, d’expliciter ce remarquable foyer civilisationnel et laboratoire de l’universel qu’est l’Europe. Si l’Europe parle différentes langues, il y a quelque chose comme une culture européenne. Cela ne peut qu’inciter les Européens à agir dans le monde pour relever les défis du présent ».

 

Ce matin, on nous annonce depuis les Etats-Unis qu’il est possible de faire du « compost humain » dans des « Centres de réduction de nos vies » (Seattle) pour aider à la régularisation climatique. On nous promet que c’est plus écologique, plus économique et que cela tient moins de place… La start-up basée à Seattle affirme que ce procédé constitue un parfait engrais pour tout type de jardin et ce sans odeur. Ensuite, parce qu’il permettrait de réduire l’emprunte carbone du défunt. Le corps placé dans un conteneur appelé « vaisseau » rempli de copeaux de paille et de luzerne, où l’humidité favorise le développement des bactéries. Au bout d’un mois seulement, le corps du défunt peut être remis à ses proches sous forme… d’un sac de terreau. C’est tout ce que les américains proposent pour aider notre Terre !?!

 

Tout aujourd’hui est envisageable et possible. Il y a pourtant de vraies décisions à prendre, et des indignations à tenir qui nous ramènent simplement à plus d’humanité.

 

L’heure n’est pas à « l’indécision » ou à « la parenthèse ».

 

C’est le temps des choix…

 

Patrice SABATER

22 mai 2019

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :