En attendant Dimanche... : Nicodème, un chercheur de la vie

Publié le par Patrice Sabater

En attendant Dimanche... : Nicodème, un chercheur de la vie

Nicodème, un chercheur de la vie

IVème Dimanche de Carême - Année B - 15 mars 2015

 

Chers amis, cette semaine je ne puis vous présenter une méditation du fait de quelques soucis de santé. Je vous propose une méditation de Mgr Follo, diplomate depuis de nombreuses années et habitué à donner des méditations.

Nicodème, ce personnage si touchant, qui parle à Jésus avec son cœur. Un ami parle à son ami... Puisse cette méditation nous conduire un peu plus sur le chemin avec le Christ.

Père Patrice Sabater Pardo, cm

 

Nicodème, un chercheur de la vie

Dans le quatrième dimanche de carême l’Évangile de Saint Jean nous offre un petit extrait du discours de Jésus après la rencontre de Nicodème[2]. Ainsi – même brièvement -  il est utile d'expliquer ce qui arriva la nuit pendant laquelle ce Chef des Juifs se rendit chez le Messie.

Cet homme qui a peur puisqu'il se rend chez le Christ de nuit, mais de toutes façons suffisamment courageux pour y aller, est l'homme qui a l'intelligence et l'ouverture du cœur tels qu'il ne se ferme pas face à la vérité.

Ce pharisien et les autres chefs avaient demandé des signes et ils les avaient vus. Maintenant, il sait qu'il peut faire confiance à Jésus : « Nous savons que tu es venu de Dieu comme maître ». Et Jésus sait qu'il est ouvert pour accueillir la Vérité, à laquelle son cœur aspire mais qu'un homme seul ne peut l’atteindre.

Nicodème, comme beaucoup d’autres, avait vu des signes, mais cela ne lui suffisait pas. Il voulait voir le Règne de Dieu. Et Jésus lui dit : « Il faut être engendré d'en haut ».

Probablement, ce pharisien voulait améliorer sa vie et le Christ lui répondit qu'il fallait qu'il naisse à une nouvelle vie. Nicodème comprit que Jésus ne parlait pas simplement d'une naissance morale symbolique, mais d'une « vraie » renaissance et il posa la question la plus difficile : « Comment peut advenir cette nouvelle naissance ? Un homme adulte peut-il rentrer dans le ventre de sa mère ? En somme, comment est-il possible de renaître vraiment ? Jésus répondit : « En vérité, en vérité je te le dis : si un homme ne naît pas de l'eau et de l'Esprit Saint, il ne peut pas entrer dans le règne de Dieu. Au-delà de toutes les interprétations données par les exégètes, les experts de la Bible anciens et modernes, je crois que Nicodème ne comprit pas grande chose, mais il comprit que Jésus lui disait : « Viens et voit », « suis moi et tu verras » . Il suivit le Christ fidèlement si bien que les Évangiles parlent de lui en protagoniste de deux autres nuits :

1 - « Un des leurs, Nicodème, celui qui était allé précédemment chez lui, leur dit : « Notre loi juge-t-elle un homme sans l'avoir entendu d'abord et sans connaître ce qu'il a fait ? ». Ils lui répondirent : « Toi aussi es-tu de Galilée ? Scrute et vois : de la Galilée il ne surgit pas de Prophète. ».

2 - «  … Vient aussi Nicodème, celui qui était venu à lui de nuit, au début, portant un mélange de myrrhe et d'aloès d'environ 100 livres. Ils prennent donc le corps de Jésus, ils le lient de linges avec les aromates, comme c'est la coutume des juifs pour ensevelir. (Jn 19, 39-40).

La première chose à faire pour avoir une vie vraie et dans la durée ce n'est pas l'étude pour changer  et mieux faire ses propres actes, ce n'est pas l'analyse psychologique, ce n'est pas un programme spirituel, ce n'est pas quelque chose que nous nous devons de faire, mais c'est recevoir le don de l'Esprit Saint. Donc la première chose que nous devons faire  c'est la prière, c'est à dire de demander cela, c'est la demande qu'advienne cette conversion « spirituelle » en nous, même si nous ne  comprenons pas ce que veut exprimer cette conversion, que le Christ nous indique comme une naissance à la vie nouvelle, c'est à dire éternelle (En fait, l'expression « vie éternelle », indique le don divin concédé à l'humanité : la communion avec Dieu en ce monde et sa plénitude dans ce futur).

La vie éternelle nous a été ouverte par la mort et la résurrection du Christ, et la foi est le chemin pour l'atteindre. Cela sort des paroles adressées par Jésus à Nicodème rapportées par l'évangéliste Jean : « Et comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, de même il faut que soit élevé le fils de l'homme, afin que tous ceux qui croient en lui aient la vie éternelle ». (Jn 3, 14-15).[3]

La Croix de la Vie et de la Lumière.

Aujourd'hui comme alors, Saint Jean nous rappelle que le seul  « signe »  est Jésus élevé sur la Croix : Jésus mort et ressuscité est le signe absolument suffisant. En Lui nous pouvons comprendre la vérité de la vie et obtenir le salut. C'est cela l'annonce centrale de l’Église, qui reste inchangée au cours des siècles. Pourtant la foi chrétienne  n'est pas une idéologie, mais une rencontre personnelle avec le Christ crucifié et ressuscité.

Donc acceptant la Croix, celle de tous les jours contre laquelle nous luttons en croyant faire une chose juste, sage et raisonnable, disons oui à l'irruption de l'Esprit qui nous fait naître à la nouvelle vie. « La Croix bouleverse la marche plate et incolore du monde enchaîné à la chair. La Croix déchire les habitudes enracinées, imperméables à la nouveauté bouleversante de Dieu. La Croix élève jusqu'au cœur de Dieu, à son amour. La Croix catapulte notre existence à la droite de Dieu ». (Benoît XVI).

La Croix irradie de lumière parce qu'elle parle d'amour et l'amour parle de résurrection et génère des saints et saintes. La mosaïque de la Croix qui se trouve dans l'abside de l’Église Saint Clément à Rome, le montre bien. Le Christ est sur la croix noire, bois mort, qui porte aussi sur elle douze colombes, les apôtres. Du bois noir, surgissent de nombreuses branches vertes qui ont comme fleurs des saints, c'est à dire les personnes qui ont donné leur vie pour le Christ et ont reçu la Vie par le Christ. Avec Lui, les saints et saintes nous avons de nombreux exemples et nous montrent que celui ou celle qui aime comme le Christ devient pour les autres une présence de lumière.

Vivre la croix est engendré à la lumière. Comment ne pas penser au Seigneur crucifié qui pendant que tout est accompli (Jn 19,30) inonde d'amour celui qui est sous la Croix donnant à une mère un  fils et à un fils une mère, pour toujours ? Mourant sur la Croix, Jésus confia Jean à Sa mère en disant : « Femme, voici ton fils » (cf. Jn 19, 26). S’Il ne l'appela pas du doux nom de « mère », ce fut parce qu'était arrivée pour elle l'heure – ainsi que cette heure  arrive pour les âmes qui progressent dans l'amour – de lui confier une autre maternité : la maternité spirituelle sur les âmes ; celle maternité que le Sauveur avait promis de concéder à tous ceux qui auraient fait sa divine volonté : « Quiconque fait la volonté de mon Père qui est au ciel, ceux-ci sont pour moi des frères sœurs et mères » (cf. Mt 12, 50). En un certain sens, j'élève ainsi cette maternité spirituelle dont nous sommes en train de parler, à la même hauteur que le très haut privilège de la maternité divine.

De cette maternité spirituelle, les Vierges consacrées sont un exemple particulier dans le monde.

En effet, l'engagement virginal est destiné, selon le dessein divin, à susciter une fécondité spirituelle. En la Vierge Marie, cette vérité apparaît de manière la plus manifeste, par le fait que la Vierge devient Mère de Dieu, et que cette maternité se prolonge par une maternité universelle dans l'ordre de la grâce. Dans les Vierges qui suivent la voie ouverte par Marie, l'amour virginal voué au Christ est source de maternité spirituelle.

La vierge consacrée dans le monde qui donne tout son cœur au Christ renonce à un époux humain pour prendre directement le Seigneur comme époux (cf rituel de consécration des vierges N° 17) Dans le mariage, il y a la réalisation des noces du Christ et de l’Église, ainsi que le dit Saint Paul (Eph. 5, 28). Dans la virginité cette réalisation est plus totale, parce que seul le Christ devient l’Époux, le Christ atteint ainsi sa plus grande profondeur. La qualité d'épouse du Christ donne à la personnalité de la femme  consacrée un notable développement affectif. Elle montre l'aspect positif de la virginité, parce qu'elle est une complète et exclusive appartenance au Christ. Avec la consécration, chacune d'entre elles est comme si elle avait dit : « Tu es tout pour moi. Je suis tout pour toi ». Ces femmes témoignent que nous avons été créés pour une liberté qui aime dire oui. L'amour de chacun d'entre nous renvoie à un amour originel. L'amour est un don qui nous fait ressembler à Dieu. L'aimée devient l'Amante et donne (à) la lumière. En disant oui au Christ comme épouse, la Vierge Consacrée a témoigné que le Christ «  est pour elle Tout et toutes les choses » et que « son cœur ne se satisfait pas avec quelqu’un moins que Dieu » (Saint Jean de la Croix). Mais ainsi le cœur amoureux se dispose à assumer le rôle de l’Époux qui, pour notre amour, se laisse « vendre comme esclave de tout le monde » (Sainte Thérèse d'Avila). Elle se penche alors vers ses frères qui ont besoin d'être sauvés. L'intimité avec Dieu qui n'est pas missionnaire est narcissique et illusion spirituelle. L'esprit missionnaire qui ne naît pas de l'intimité et ne l'approfondit pas est une dispersion stérile. Ensemble, intimité et esprit missionnaire sont les sources d'une immense fécondité spirituelle.

Mgr Francesco Follo (Traduction de Hugues de Warren)

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